Enfin à Tokyo (pv au premier(e) venu)

Enfin à Tokyo... Pensa Shimizu en contemplant les rues et les passants.
La jeune fille avait quitter le foyer "familial" mais c'était plutôt mieux que d'y rester. Son père ne s'occupait même plus d'elle... Elle pouvait boire jusqu'à être ivre mort cela l'importait. Et qu'elle monte à Tokyo l'arrangeait beaucoup.
La jeune Kumiko marcha en direction du centre de la ville, sa basse dans sa housse sur son dos, un sac à la main. Peut-être pourrait-elle trouver des gens avec qui jouer...
ça ce serait cool ! pensa-t-elle.
La jeune fille s'arrêta pour observer à nouveau son entourage. Tout était si différent de sa ville natale...
Bah... C'est pas plus mal !

Il faisait froid aujourd’hui… Lullaby resserra les pans de son manteau, grimaçant. Elle détestait ces jours-là. Elle joignit ses mains, soufflant dessus pour tenter de réchauffer un minimum ses doigts frigorifiés. Être frileuse quand on vit dans la rue… Bouah, la jeune fille ne le souhaitait à personne ! Un long soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’elle contemplait les mets tout juste sortis du four, dans une boulangerie. A la rigueur, si la brunette n’avait que froid, ça aurait pu aller… Mais en plus il fallait qu’elle ait justement mal à la gorge ! Avec une voix enrouée comme pas possible, elle ne pouvait pas chanter, et qui disait pas de chant disait : sans argent et que donc par conséquent, elle ne pouvait pas manger ! Et comme pour confirmer ça, son ventre émit un gargouillement, lui arrachant un grognement de mécontentement.

« J’ai faiiiiim ! » S’exclama- t- elle, attirant le regard sur sa petite personne.

Elle grogna une nouvelle fois, et, faisant volte - face, s’éloigna de la vitrine. Plutôt crever que de rester devant des croissants qui lui semblaient très délicieux… Ruminant sa faim, elle fourra ses mains dans ses poches à la recherche d’une quelconque pièce qui pourrait malgré tout l’aider. Une feuille froissée ; la dernière chanson en date qu’elle chantait, un médiator ; trouvé par terre, plutôt joli, et d’autres objets sans valeur… Levant les yeux, elle s’arrêta subitement. Elle pouvait toujours faire la manche.

« Hors de question. » Marmonna- t- elle.

Elle préférait chanter pour gagner quelque chose, plutôt que d’aborder les passants en demandant simplement une petite pièce, sans rien faire en retour. Et puis de toutes façons, qui voudrait lui en donner ? Elle se renfrogna, jetant quand même un regard hésitant à une jeune fille qui passait près d’elle, un instrument sur le dos. Il lui suffisait juste de l’arrêter et…

« Excuse- moi mais… Est - ce que tu aurais un peu d’argent à me donner, please ? » Lança Lullaby, le regard fuyant. « Pas grand-chose hein, juste de quoi m’acheter un truc à grignoter. » Ajouta- t- elle ensuite, vaguement gênée.

Ce n’était pas dans ses habitudes de faire ça. Pas du tout.

Lullaby resta un instant la bouche ouverte, en voyant la jeune fille sortir de l’argent en souriant. Puis son visage s’illumina soudain et elle lui sauta au cou, rayonnante.

« Thanks ! Les gens comme toi ça courent pas les rues ! »

Se rendant compte de ce qu’elle faisait, l’adolescente s’écarta subitement, le rouge aux joues. Ça non plus ce n’était pas dans ses habitudes… Mais elle avait de quoi être joyeuse, elle ne s’était pas attendue à tomber sur une personne qui accepterait immédiatement !

« Si tu veux on a qu'à manger ensemble. »

Lullaby acquiesça, un petit sourire aux lèvres. Après tout, elle lui devait bien ça… Les deux jeunes filles se dirigèrent vers la boulangerie qu’elle avait précédemment contempler, et la brunette observa presque avec amusement l’inconnue arborer une expression identique à la sienne. Comme quoi, il n’y a pas qu’à elle que ça faisait de l’effet ! Elles rentrèrent ensuite à l’intérieur et s’installèrent dans la file.

« Quatre énormes pains au chocolat sur une montagne de chantilly !!! » Commanda « sa sauveuse » sous ses yeux effarés.

« Et ben ! On va pas mourir de faim ! » Répliqua Lullaby après un rire discret.

Tant mieux d’ailleurs ! Elle jeta un regard aux pains au chocolat que la boulangère apportait et en frémit d’avance. Elle s’imaginait déjà croquant dedans à pleines dents… Si elle avait été un personnage de manga, on aurait pu lui dessiner des étoiles à la place des yeux et de la bave au coin de la bouche !

« Je connais un café sympa où on pourra s’installer pour manger, on a qu’à y aller. » Proposa-t-elle en penchant la tête sur le côté. « Ça sera toujours mieux que dehors ! »

Puis, une fois que la jeune fille eut payé, Lullaby l’entraîna de nouveau dans la rue, et quelques instants plus tard elles entrèrent toutes deux dans le dit café. Adressant un salut au patron, l’adolescente se dirigea vers un coin de libre et s’affala sur une chaise dans un soupir de bien-être. C’était bon d’être au chaud…

Lullaby observa la jeune fille sortir les pains au chocolat avec gourmandise. Ôtant son manteau et son écharpe, elle attrapa les deux qu’elle lui tendait et croqua immédiatement dans l’un, en prenant garde à ne pas mettre de chantilly partout. Ses yeux sombres s’éclairèrent ; c’était absolument délicieux… Puis Shimizu se présenta.

« Moi c’est Lullaby Kiriwashima. M’enfin, appelle-moi comme tu veux. »

Puis elle mangea une nouvelle bouchée.

« Et tu es à Tokyo depuis longtemps ? »

Posant un instant son pain entamé, l’adolescente eut un petit sourire. Raconter sa vie c’était pas son truc, surtout à une inconnue mais bon… Elle pouvait faire une exception étant donné que Shimizu ‘l’aidait’.

« 1 an à peu près. J’dis ça parce que je ne me rappelle pas exactement du jour où je suis arrivée. Avant j’habitais à Manhattan, aux Etats-Unis, c’est pas la porte d’à côté. »

Être là, assise face à Shimizu, dans un café à manger un pain au chocolat couvert de chantilly… Finalement, ça avait du bon de se montrer aimable avec les gens. Mais n’allez pas penser qu’elle changeait pour autant ! Simplement, disons que Lullaby s’autorisait un débordement ‘caractériel’.

En effet Manhattan c'est loin ! pensa shimizu.
Elle commençait son deuxième pain au chocolat. Le premier n'avait pas duré longtemps. En même temps la jeune fille n'avait pas mangé de la matinée ! machant avec précaution pour ne pas en avoir partout sur la figure, elle finit par demander :

T'as l'air jeune pourtant... T'es venue avec un adulte ? Enfin si t'es majeur...

La jeune Kumiko tentait au mieux de contenir sa curiosité. Mais sa nouvelle amie l'intriguait beaucoup. Elle appela un serveur et demanda un café, et demanda si Lullaby voulait quelque chose.

« T'as l'air jeune pourtant… T'es venue avec un adulte ? Enfin si t'es majeur… »

« Venir avec un adulte ? Oula, ça risquait pas… Et même si je l’avais proposé à quelqu’un, j’pense pas qu’on m’aurait accompagné. J’ai débarqué au Japon de mon propre chef. Maintenant que j’y repense, j’dois avouer que d’avoir fait ça comme ça, sans avoir rien préparé, c’est carrément stupide. Mais bon, j’y suis j’y reste ! »

Lullaby avait délibérément blablaté autant ; aucune envie d’aborder le sujet « majeur ou mineur » maintenant. Mine de rien, elle restait un brin suspicieuse ; elle ne voulait pas avoir d’ennuis à propos du fait qu’elle était mineure et livrée à elle-même. Finissant son premier pain au chocolat, elle entama le deuxième à son tour. Puis, Shimizu lui demanda si elle voulait autre chose.

« Laisse, c’est bon. T’en as suffisamment fait pour moi. J‘ai pas pour habitude de taxer de l‘argent aux autres ; j’étais déjà suffisamment mal à l’aise quand je t’ai abordé alors vaut mieux pas que tu me payes autre chose. »

De son point de vue, chanter pour qu’on lui donne quelques yens et faire simplement la manche étaient deux choses différentes ; lorsqu’elle utilisait sa voix, Lullaby avait l’impression d’offrir un truc en échange, de faire en sorte d’être quittes.

« Ça t'arrive souvent de demander de l'argent au gens ? Si tu veux je peux te dépanner pendant un bon mois... »

« NON ! »

Le cri avait surgi, brutal, agressif. Les poings serrés, la mâchoire crispée, Lullaby s’était levée d’un bond. Un instant, elle resta ainsi, debout. Elle ne voulait pas, elle refusait ! Ce que venait de lui dire Shimizu… Pour la jeune Kiriwashima, cela sonnait écoeurant… Comme de la pitié. Pourtant, nul doute que ce n’était pas dans les intentions de la jeune fille assise face à elle. Shimizu souhaitait seulement l’aider. Rien que cela.

Mais Lullaby était du genre à se braquer au moindre mot… Elle avait su affronter les regards des gens, lorsqu’ils la voyaient parfois, prostrée sur un banc, son sac à ses côtés. Elle avait surmonté tout ça… Oui… Cependant la situation dans laquelle elle se trouvait alors était plus que différente. Presque humiliante. Parce que Shimizu la voyait dans un état de faiblesse dans lequel elle n’avait jamais été auparavant.

Ses yeux picotèrent, ses lèvres tremblèrent. Quasi imperceptiblement, Lullaby sentit les larmes monter. Non, il ne fallait pas ! Aussi soudain qu’elle s’était levée, la jeune fille se rassit brutalement, et la tête baissée, avec une voix que les pleurs menaçaient de rendre encore plus enrouée qu’elle ne l’était déjà, elle s’adressa à Shimizu dans un souffle.

« Désolé… »

Un simple murmure.