Course Effrénée

[Si c'est ok pour toi, je réponds =) ! ]

Il était rare qu'Ellya ait beaucoup de temps à elle. En fait, elle n'en avait jamais et ce surtout dû à ses cours à la Yaz'art et à son nouveau tournage. Toutefois elle se permit une virée solitaire dans les rues de Tokyo. La population japonaise ne lui prêtait pas la moindre once d'attention, trop pressée. Certains allaient travailler, d'autres étudier, d’autres encore sortaient tout simplement s’aérer. Ils avaient de la chance.

La jeune anglaise marchait d'un pas distrait, sans réellement accorder d'importance à sa destination. Machinalement, ses pas la menaient tout droit à la Yaz'art. Enfin, elle en était encore loin et ne risquait d'y arriver avant un long moment si elle continuait à marcher d'un pas aussi lent. Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait d’aller en cours… Seulement les bienfaits de quelques minutes de repos solitaire n’étaient pas non plus négligeables.

Une personne qui marche d’un pas lent au milieu d’une foule pressée, voulez-vous savoir quel effet cela fait ? Et bien les gens vous bousculent, passent devant vous l’air énervé, parfois poussent des jurons à votre encontre, en somme se montrent vraiment détestables.
Le choix du lieu de sa promenade avait été décidément mal choisit. Ellya soupira. Bien, ce n’était pas grave. La vie était également ainsi.

Tout à coup l’attention d’Ellya fût attirée par une affiche collée à un mur. La jeune femme s’en approcha d’un pas vif. Ses beaux yeux bleus écarquillés démontraient un intérêt certain. Il s’agissait là d’une annonce pour le nouveau film qu’elle tournait. Son cœur s’emballa tout à coup, consciente du chemin qui lui restait encore à parcourir, les épreuves à surmonter jusqu’à ce qu’enfin le film ne paraisse. Néanmoins son sourire était fier et serein. Son premier grand rôle ! A partir de là, sa carrière aura prit un nouveau tournant. Elle n’attendait que ça.

La jeune actrice allait se détourna du mur. Son regard croisa celui d’une jeune femme, qui devait plus ou moins avoir son âge. Elle avait l’air… égarée… ou bien…
Ellya ne savait que faire. Elle ne supportait de voir quelqu’un dans un tel état… pourtant chacun avait ses problèmes, chacun devait mener sa vie par lui-même. Cependant. L’air de rien, le regard dans le vide, mais un sourire rassurant aux lèvres elle dit :

" Il y a des moments bien durs que chacun doit surmonter, n’est-ce pas ? Vous semblez perdue… pourrais-je vous apporter mon aide ?"

Cela semblait peut-être étrange qu’une jeune anglaise proposât son aide à une jeune femme asiatique. Mais Ellya vivait à Tokyo depuis presque deux ans à présent et connaissait bien la ville.

Ellya laissa la jeune inconnue reprendre ses esprits peu à peu. Elle sembla, le temps d’une seconde, heureuse. Puis ses expressions devinrent plus ambiguës. Quand à elle, Ellya restait muette et souriante. A dire vrai, elle ne savait comment réagir. C’était bien la première fois qu’elle adressait la parole à une personne qu’elle ne connaissait pas dans la rue… Non que l’idée ne lui ait jamais traversé l’esprit, seulement il y avait toujours quelqu’un ou quelque chose pour l’en empêcher.
Enfin les traits de la jeune japonaise devinrent presque inexpressifs, impassible et elle lui répondit :

Je vous remercie de votre proposition plus que généreuse, mademoiselle, mais j'ai juste eu un moment de faiblesse. Excusez moi de vous avoir causé quelque soucis ou tort.

Un moment de faiblesse… oui, cela était probable. Mais la jeune anglaise avait rarement vu des gens s’apitoyer sur leur sort en plein milieu de la rue. Cela devait être sérieux. Au vu de l’allure de la jeune fille, elle devinait aisément qu’elle n’avait pas grand-chose sur elle. Sûrement avait-elle quitté son foyer précipitamment afin de jouir d’une vie solitaire et indépendante. En somme de trouver un monde de liberté. Une jolie jeune fille, vivant depuis toujours avec ses parents, qui ne pouvaient se séparer d’elle… Non, non, NON. Stop. Son esprit commençait à errer vers des contrés imaginaires et incertaines… Elle ne pouvait se laisser divaguer, bien qu’intérieurement, ainsi. Ellya ne savait rien de cette charmante jeune fille, point. Ses intuitions pouvaient très bien être fondées toutefois ce n’était pas le moment de se laisser distraire par son imagination Ô combien grande.

" Ne vous inquiétez pas. Vous ne me causez aucun soucie et ne me faîtes le moindre tord ", assura-t-elle.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jeune britannique, elle riait d’elle-même.

" Mes ennuies c’est bien moi qui me les causent ", ajouta-t-elle, ironique, comme pour expliquer le sourire amusé, presque moqueur qui étirait ses lèvres.

Son dialogue intérieur prit définitivement court lorsque le ventre de la jeune japonaise émit des sons signifiants qu’elle avait faim. Un sourire taquin étira les lèvres d’Ellya. Ce petit gargouillis si familier. Un léger rire cristallin lui échappa. Elle se rappelait de ses frères aînés toujours insatiables.

" Que diriez-vous d’allez manger quelque chose ? C’est moi qui invite ! Je n’ai rien mangé...depuis hier midi… "

Ellya avait eu une quantité de travail phénoménale la veille au soir et lorsque enfin elle avait pu retrouver son lit bien douillet, elle était déjà partie au pays des rêves. Ensuite, comme souvent, les choses se passaient si vite qu’il lui arrivait de louper un repas.

La proposition de la jeune femme était tout à fait innocente et puis elle avait eu le temps d’observer son interlocutrice, et il lui était difficile de penser qu’une telle personne puisse lui faire du mal. Elle n’aurait qu’à appeler Andrew et lui expliquer… ou peut-être pas… Selon l’humeur de son bien-aimé frère, elle aviserait !

Tora laissa la jeune fille l'observer. Elle n'était pas du genre farouche, enfin quand on la taquinait si, mais quand on ne la cherchait pas, Tora pouvait se montrer docile voire plus qu'obéissante. Elle baissa les yeux et s'interdit de penser à un bon repas.

" Ne vous inquiétez pas. Vous ne me causez aucun soucie et ne me faîtes le moindre tord "

Les paroles voletèrent dans l'air, personne ne s'inquiétait pour elle, personne ne les remarquait; les pensées de Tora, contradictoires maintenant, suffoquèrent du plaisir de ne pas être plus gênée encore, que d'autres yeux ne vviennent pas se poser sur elle. Elle devait être dans un état! Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune fille, dont le sens échappa à la jeune femme.

" Mes ennuies c’est bien moi qui me les causent "

Effectivement, la plupart du temps, les ennuis étaient créés par nous meme. Quels genre d'ennuis pouvait avoir une aussi jolie personne, qui semblait respirer la bonne vie ? Bah, tout le monde avait ses petits problèmes, hein ! Même les gens beaux, riches, célèbres...

Son gargouillement mit fin à ses pensées, en la faisant rougir de honte. La femme l'avait entendu, elle était sure. Diable, elle devait passer pour une miséreuse :! Mais elle ne se laisserait pas entrainer ! Ni chez elle, voir ses parents immondes qui ne devaient même pas savoir qu'elle avait fugué !

" Que diriez-vous d’allez manger quelque chose ? C’est moi qui invite ! Je n’ai rien mangé...depuis hier midi… "

Air ahuri. Puis reprends son visage impassible. Un diner ? Une inconnue l'invitait à diner ? Ca ressemblait à un genre de piège, comme dans les films...Voilà la paranoïa qui s'y mets maintenant, en plus de la honte ! Bah tiens, y'en avait pas assez comme ça. C'était tentant, mais Tora secoua la tête, l'air d'excuse.

Votre proposition est gentille, mais je me dois de refuser. Inviter ainsi une inconnue...Cela me gêne.

Elle s'inclina un peu, en se souvenant rapidement des cours de politesse de son père. Celui-là...Il l'avait balancée entre divers cours, en imaginant pouvoir lui faire oublier leur absence à lui et à sa mère, par d'autres choses. Ce qu'il avait réussi à faire, c'était à la faire penser à eux, et à la déchirer de leur absence. Tora haussa les épaules et soupira. Elle ne connaissait personne. Elle posa son regard perdu sur l'inconnue. Elles devaient avoir environ le même age.

Votre proposition est gentille, mais je me dois de refuser. Inviter ainsi une inconnue...Cela me gêne.

Evidemment Ellya n’avait pas pensé que sa proposition puisse paraître étrange. Pourtant elle aurait dû le savoir, elle-même n’aurait certainement pas accepté… quoi que… on ne savait jamais ce qu’il pouvait bien passer dans la tête de cette jeune femme. Comme la jeune japonaise s’inclina poliment devant elle, pour s’excuser, Ellya se sentit à son tour gênée. Les japonais avaient toujours ces tendances un peu trop polies à son goût parfois… Leurs bonnes manières étaient tout à leur honneur, mais Ellya en tant qu’européenne, avait dû mal à se faire à l’idée que l’on puisse s’incliner devant qui que ce fût. Peut-être était-ce également dû à sa trop grande fierté pour sa personne.
Elle retrouva, toutefois rapidement, son calme intérieur.

" Hum… je comprends… A vrai dire je ne mettais pas vraiment rendue compte que ma proposition pouvait vous mettre mal à l’aise et porter à confusion."

Tandis que la jeune japonaise la dévisageait, comme elle-même l’avait dévisagée un peu plus tôt, Ellya se perdit dans une brève réflexion. Elle, enfant de la haute société, choyée par tous, ne comprenait pas réellement la conception du mot " gêne ". Ou plutôt c’était la valeur du mot qu’elle ne pouvait comprendre ou du moins ses proportions. Mais ce qu’elle concevait, c’était la notion d’inconnu. Elle connaissait nombre de personnes, travaillait et étudiait encore avec nombre d’autres. Mais ils lui étaient tous inconnus. Les seuls qu’elle connaissait étaient ses frères et ses parents.

Une expression plus douce empreinta les traits de la jeune fille. Après tout le monde était ainsi fin: de milliers d’inconnus. Il ne tenait qu’à nous d’en faire des connaissances... peut-être même des amis. Lors d’une rencontre plusieurs choses étaient déterminantes, et celles-ci sont définies par nos propres actes.
C’était ainsi qu’Ellya voyait les choses à ce moment-là. Qui sait elle aurait pu faire une rencontre tout à fait similaire et s’en aller, s’en se retourner. Sa vie n’aurait pas changé. Sa vie aurait toujours été la même. Mais à ce moment-là c’est une chance qu’elle voulait se donner de connaître une personne nouvelle… un univers peut-être différent du sien… peut-être trop…

Enfin elle reprit la parole :

" On ne connaît jamais personne… nous sommes tous des inconnus les uns pour les autres… Les seules personnes que l’on connaisse sont les personnes pour lesquelles nous nous sommes retournés, pour lesquels nous avons pris le risque de tendre la main. "

Elle marqua une légère pause, le temps que ses paroles fassent leur effet. Peut-être que la jeune femme ne la comprendrait pas, mais ne tente rien à rien. " La vie est faite pour être vécue et non pour être rêvée… Vivre ses rêves est un risque… Mais est-ce que cela n’en vaut pas la peine ? " C’était sa mère qui le lui avait dit, lorsqu’elle avait dû faire l’un des plus importants choix de sa vie. Et la réponse était claire et nette. Oui. Cela en valait la peine. Cela en valait toujours la peine.

" Je m’appelle Ellya. Enchantée de vous avoir rencontrée. ", dit-elle. Elle préféra ne pas se risquer à divulguer son nom en pleine rue. On ne savait jamais qui pouvait y rôder…

Elle ajouta presque aussitôt sur un ton mi-pensif, mi-interrogateur : " C’est ainsi que l’on commence n’est-ce pas ? Ah oui et vous pouvez me tutoyez."

Puis elle lui adressa un sourire amical. Ellya était d’un naturel à l’aise, même lorsqu’elle n’était pas dans une situation familière, comme celle-ci. Peut-être ne faisait-elle pas les choses dans l’ordre, mais la vie n’est pas fait de " mais, de si ou de –rait ". On refait le monde avec des " si et des –rait ".

Tora haussa les épaules aux paroles de la jeune femme. Ca portait pas spécialement à confusion, c'était juste que, en deux minutes, une inconnue venait d'entrer dans sa vie et l'invitait à manger un bout, comme les deux meilleures amies du monde. Ca le faisait pas trop...

Tora fronça les sourcils quand la jeune femme commença à philosopher à haute voix. Houla, elle allait loin quand même! Pourquoi de telles réflexions, si profondes et générales ? Ca devait être ça, les grandes sociétés. Même si son père était un grand patron, ce ne devait être rien comparé à certaines familles riches.

Tora regretta de ne pas avoir prit plus de choses en partant; elle avait juste pensé à une bouteille d'eau, quelques vêtements de rechanges et son portable. Le strict nécessaire, et moins encore. De quoi désespérer.

" Je m’appelle Ellya. Enchantée de vous avoir rencontrée. "

Tora leva la tête et observa la jeune femme - Ellya ? - qui continua.

" C’est ainsi que l’on commence n’est-ce pas ? Ah oui et vous pouvez me tutoyez."

Heu....? C'était quoi tout ça ? Elle avait décidé de faire connaissance ? Ellya ? Elle était donc bien étrangère ! Tora se frotta la joue de la paume de main, un tic nerveux, et eut un sourire confus.

Je m'appelle Tora. Je suis enchantée de vous...de te connaitre ?

C'était vachement bizarre tout ça ! Houla... Et dire qu'il y a à peine cinq minutes, elle était aussi seule et triste que les pierres...La voilà avec une future - ex ?- amie ? Bon, au pire, elle s'enfuierait. Comme d'habitude. La fuite, c'est pour les lâches; ca tombait bien, elle était pas spécialement courageuse avec les gens. Elle rêvassa rapidement à se trouver un copain, et pourquoi pas rencontrer les Black Stones... Un frisson la stoppa dans ses rêveries. Un copain pourquoi pas, mais rencontrer son groupe favori, on était pas dans une fanfic à l'eau de rose !

Ellya semblait peut-être étrange aux yeux de la jeune femme, mais bon qui n’avait jamais semblé bizarre à qui que ce soit. A bien y réfléchir… Ellya n’avait jamais dû réellement paraître normale. Au lycée, la première et dernière année qu’elle avait étudié à l’école plutôt que par correspondance, malgré sa côte de popularité très élevée, jamais elle ne s’était faite de réelle amie. Mais là encore elle ne s’était pas attarder et n’avait pas essayer de faire connaissance. Enfin, bref. Ellya était Ellya, et on ne se refaisait pas en un jour. Surtout que elle, elle se satisfaisait assez bien de ce qu’elle était. Si on ne l’acceptait pas telle qu’elle était, elle s’en allait telle la brise légère qui vous effleure la joue puis s’en va sans un bruit.

Visiblement la jeune fille ne connaissait pas les bien faits de la philosophie. En réalité, Ellya aimait philosopher sur tout et n’importe quoi, les sujets de réflexions c’était une chose qu’elle appréciait assez. Enfin bien des gens ne supportait pas ce côté d’elle trop… réfléchit… ou peut-être le fait qu’elle soit un peu trop spontanée à la fois… L’alliage de ses deux côtés de sa personnalité diamétralement opposée faisait d’elle une personne assez ambiguë.

N’empêche la jeune femme finit par lui donner son nom, bien qu’elle n’avait pas l’air vraiment enthousiaste… Cette idée attrista un peu Ellya. Ainsi donc la jeune inconnue s’appelait Tora. Un joli prénom. Elle avait même accepté de la tutoyer. En fait, Ellya avait de plus en plus l’impression de tomber dans un gouffre, très, très, très profond. Tora paraissait rêvasser à mille et une chimère, tandis qu’elle commençait à penser que ses grandes idées un peu trop idéalistes n’étaient bonnes que pour elle et elle seule. Aaah Non ! Ça n’allait pas. Depuis quand était-elle du genre à baisser les bras ? Non elle ne l’était pas ! Mais on n’obligeait personne à s’accepter.

Un sourire rayonnant aux lèvres, cependant elle déclara :

" Bien, moi je vais manger, mon ventre lui n’entend pas, je dois aller travailler après. Donc si tu veux venir je serais ravie de bavarder avec toi, sinon à une prochaine fois ! "

Elle attendit patiemment une réponse de Tora tout en jetant un rapide coup d’œil à sa montre qu’elle portait au bras gauche : 12h45. Elle devrait se dépêcher, elle avait cours à 14h00 et ne souhaitait pas être en retard.

Tant de sentiments contraires s'installaient dans ses yeux et dans ceux d'Ellya... Tora soupira puis se surprit à se détendre légèrement. Ho, rien de gravement méfiant, mais elle commençait à s'habituer à la jeune femme. Alors qu'elle ne le souhaitait pas ! Ou alors, elle le souhaitait peut-être ?... Rah, c'était compliqué...

" Bien, moi je vais manger, mon ventre lui n’entend pas, je dois aller travailler après. Donc si tu veux venir je serais ravie de bavarder avec toi, sinon à une prochaine fois !

Je...Attends. Je...Je veux bien venir avec toi. Enfin, si ça te gêne pas. Je voudrais pas être un poids, je veux dire, on vient de se rencontrer, et c'est pas spécialement conseillé d'accepter une invitation d'une inconnue....

Tora passa sa langue sur ses lèvres une seconde durant.

Mais...Mais ça m'intéresserait de faire connaissance avec toi. Enfin,si tu veux. Et je payerais mon repas, je ne pourrais pas accepter de te voir payer mon diner.

Tora haussa une épaule. Elle faisait quoi exactement là ? Elle avait parlé sur le coup comme ça. Ca ne lui ressemblait pas d'être aussi tête brulée, enfin si mais pas d'une pareille façon. Elle était plutot tête brulée avec les hommes, quand elle souhaitait les aborder... En parlant d'homme, il fallait qu'elle en trouve un ! Mais ça attendrait bien un jour ou deux. Elle les aimait avec de beaux cheveux noirs... Elle poussa un soupir, puis fit un sourire à Ellya, pour lui signifier qu'elle n'était pas l'origine de ce soupir.

Tora lui répondit précipitamment, alors qu’Ellya commençait à penser que sa présence l’indisposait.

Je...Attends. Je...Je veux bien venir avec toi. Enfin, si ça te gêne pas. Je voudrais pas être un poids, je veux dire, on vient de se rencontrer, et c'est pas spécialement conseillé d'accepter une invitation d'une inconnue....

Ellya eut un petit sourire. Elle n'était pas du genre à perdre si vite patience... enfin par moment si... même souvent. Mais sa journée avait pris depuis son début des allures de tortue à la course. Et qui sait combien une tortue allait vite! Ce fût d'une voix posée et compréhensive qu'elle répondit, avec toute la sincérité que l'on pouvait montrer:

" Lorsque je propose quelque chose à quelqu’un, c’est que sa présence ne m’importune pas. Ne t’inquiètes pas pour ça. Je suis d’un naturel assez franc et je ne passe pas par quatre chemins en général, donc de ce côté-là tu seras rapidement avertie. "

Tora parut réfléchir encore quelques secondes, puis elle déclara :

Mais...Mais ça m'intéresserait de faire connaissance avec toi. Enfin,si tu veux. Et je payerais mon repas, je ne pourrais pas accepter de te voir payer mon diner.

"Comme tu veux !", répondit-elle simplement, en haussant les épaules.

Tora semblait tout de même toujours ailleurs, en train de penser à quelques projets, dont Ellya n’avait pas idée. Mais ce n’était pas elle qui lui causait tant de soucis apparemment. Aussi la jeune femme laissa couler. Après tout on ne pouvait pas trop exiger des gens.

Ellya passa sa main dans ses longs cheveux bruns légèrement ondulés. Elle réfléchit rapidement, le temps n’était ce dont elle disposait le plus, donc un sandwich ou quelque chose dans ces goûts là serait très bien. Ou bien il y avait encore ce petit restaurant italien pas très loin. Comme il était nouveau, il n’y avait pas encore beaucoup de client aussi ce devrait être rapide.

"J’aimerais manger italien, ça te dit ? La cuisine européenne me manque un peu… "

Sans attendre de réponse elle se mit en marche et fit signe à Tora de la suivre. Peu importe où elles voulaient manger, ce n’était pas dans le quartier dans lequel, elles se trouvaient qu’elles allaient trouver quelque chose.

" Au fait, dis moi voir, tu habites Tokyo ou bien tu viens d’arriver ? ", demanda-t-elle, histoire de trouver un sujet de conversation.

Certes il y en avait bien d’autres qu’elle aurait pu choisir, mais c’était le premier qui lui avait effleuré l’esprit.

[Désolée là j'ai pas vachement d'inspi, mais j'vais essayer d'en trouver pour te répondre, tout de même! >3<]

Tora regarda Ellya, elle semblait si gracile et surtout si à l'aise, alors que elle même, meme si elle ne le montrait pas, était terriblement nerveuse. Elle ne voulait pas voir débarquer la police qui la rechercherait. Elle frémit; fallait arrêter de se monter le bourricot comme ça, elle risquait de friser la paranoia sinon !

Elle haussa les épaules à Ellya qui lui demandait son avis. Italien ? Un restaurant italien ? Dieu, ça allait couter cher ! Bah, tant pis, elle n'avait qu'à pas acepter cette invitation. Elle n'avait jamais mangé italien, il y avait des amies à elle qui y avait gouté et qui avait adoré, le gout était pimenté et exquis.

J'ai jamais mangé italien, je peux pas savoir si je vais aimer, mais bon, soyons folle et allons-y.

Elle regarda autour d'elle et retourna son regard vers Ellya quand elle lui posa une question. Tora fit un moue, en plissant les yeux, puis soupira muettement.

Je suis de Tokyo, mais d'un Tokyo loin de celui-ci. On va dire que je viens d'arriver, je ne connais pas la ville; j'ai toujours vécu chez mes parents. J'étais dans un cage dorée, dira t-on.

Elle haussa de nouveau les épaules, faisant sursauter ses cheveux blonds.

Ellya très occupée par le chemin à prendre ne prêtait qu'une petite attention à Tora. L'heure de la pause déjeuner était certainement l'une des plus abominable de la journée. Tout le monde sortait du travail pour aller manger, il y avait des bouchons énormes et les gens étaient encore plus bougons.
La jeune anglaise remarqua avec un amusement feint que Tora haussait les épaules presque systématiquement lorsqu'elle lui répondait. Etait-ce un tic? Etait-ce le signe qu'elle était nerveuse? Ou bien encore totalement indifférente à tout ce qu'elle lui disait? Elle plissa les sourcils, fâchée par ses conclusions. Néanmoins son air calme et tempéré lui revint presque aussitôt. Il ne lui était pas naturel de se tourmenter pour si peu. Après tout, elle ne l'avait obligée à rien !
Tora lui expliqua qu’elle n’avait encore jamais mangé italien, mais qu’elle était tout de même partante.

" J’espère que tu aimeras ! ", dit-elle un sourire aux lèvres.

Puis enfin Tora lui répondit en faisant la moue qu’elle venait d’un Tokyo bien lointain, et que celui-ci, lui était totalement inconnu. Elle était dans " une cage dorée "» selon elle. Evidemment Ellya ne comprit qu’à moitié ce que sa jeune interlocutrice signifiait par " un Tokyo loin d’ici". Mais il semblait qu’Ellya ait vu juste, Tora avait bel et bien toujours vécu chez ses parents.

" Hum… je suppose que tu dois être en train de chercher du travail… et un endroit où loger… Ce ne doit pas être facile ", conclut-elle tristement.

Ellya n’avait peut-être jamais eu aucun mal pour trouver un travail, car son métier était venu à elle. Quand à son logement il lui avait été offert par ses parents. Mais elle comprenait la difficulté que l’on pouvait avoir à trouver l’un et l’autre ou bien même seulement l’un ou l’autre. La jeune britannique ne souffla plus un mot jusqu’à ce qu’elles arrivèrent devant les portes du restaurant, trop occupée à réfléchir à diverses choses.

C’était un petit restaurant assez chic, peu fréquenté. Sur la porte était accroché une affiche « A la recherche de serveuses ». Ce n’était pas étonnant qu’il lui manqua encore du personnels, le restaurant venait à peine d’ouvrir. Elle se retourna vers Tora, un petit sourire enjoué :

" Si tu cherches quelque chose et que tu ne trouves pas, ce pourrait toujours être une alternative."

Puis elle ouvrit la porte et pénétra dans le restaurant. Un serveur, vêtu d’un uniforme, les mena à une table pour deux et leur donna la carte des menus. Ellya n’y jeta qu’un bref coup d’œil, elle ne voulait rien de bien grandiose. Elle avait juste une envie de spaghetti bolognaise… ce qu’elle aurait très bien pu se cuisiner elle-même chez elle. Enfin…. Qu’y pouvait-on ? Certainement pas grand-chose.

" J’ai choisi ", annonça-t-elle toujours rayonnante de bonne humeur et d’une joie de vivre étonnante.

Ellya reposa délicatement la carte sur la table, sans plus la regarder. Elle jeta un nouveau regard à sa montre lorsque son portable se mit à vibrer furieusement dans son sac. La jeune femme leva les yeux au ciel. Que pouvait-on lui vouloir à cette heure-ci ? C’était l’heure de manger et non de… elle ne savait encore quelle chose !

" Excuse-moi ", dit-elle à Tora.

Néanmoins, elle lut rapidement le SMS. C’était Andrew. Il exposait ses œuvres ce soir et l’invitait à venir. Ellya sourit. Son frère était un artiste hors du commun, évidemment qu’elle viendrait. Elle rangea son portable dans son sac à main et se retourna vers Tora, curieuse de savoir ce qu’elle allait choisir.

[Bon, désolée de l'attente, en ce moment j'ai juste de l'inspi pour mes romans *nifu*]

Tora suivit Ellya, de son petit pas cadencé. Elle baissait le regard, en pensant à ce qui allait se passer. Manger italien ? Bah, autant tester ça une fois dans sa vie. Elle entendit la jeune femme dire qu'elle espérait qu'elle aimerait. Tora haussa les épaules, un tic, un pur réflexe.

Peut-être. Nous verrons bien, mais je ne suis pas difficile. Je pense que ça ira, ne vous inquiétez pas.

Puis, après lui avoir parlé de son tokyo à elle, son tokyo où elle était abandonnée de ses parents, où sa vie n'avait été qu'un long tourment solitaire, elle l'entendit faire une réflexion à voix haute. Et Tora dut se retenir de ne pas se taper le front : oui, c'était le cas, elle cherchais un travail, un boulot, c'était si voyant que ça ? Il faudrait qu'elle vérifie si elle n'avait pas un écriteau dans le dos avec " fugueuse, cherche un boulot + logement pas cher". Vu comment Ellya voyait en elle, ça risquait d'être le cas !

Tora rentra dans le restaurant, en regardant l'écriteau distraitement, qu'Ellya lui avait montré. Ouis, c'était possible. Bah, au pire elle ferait ça, c'était mieux que rien, hein ? Et puis, avec de l'argent, elle pourrait penser à un logement...

Elles s'assirent donc à la table, et Tora regarda le menu. Elle faillit hurler en voyant les prix. Pas de panique, rester calme. Elle se mordit la langue, puis hocha la tête.

Je prends la même chose que vous.

Elle regarda distraitement Ellya sortir son portable. Elle se demanda qui c'était, puis se mordit la langue : malpolie, malpolie, malpolie ! Bah, c'était pas grave, elle aussi elle pouvait recevoir des coups de fil, enfin pas là maintenant...

[ Gomen, pas trop d'inspi. En plus, il neige chez moi *_* voiloup pour l'info XD]

Tout en observant d’un oeil distrait Tora, Ellya se surprit à penser qu’il était assez agréable de pouvoir discuter avec une personne qui ne semblait se douter de qui elle était. Ça n’était à proprement parler... jamais arrivé. Et bien le Tokyo de Tora devait, en effet, être très différent du sien. La vie de la jeune japonaise avait aussi été très différente de la sienne. La solitude… C’était un sentiment qu’elle connaissait… seulement pas de la même façon que Tora… Ellya souffrait ou non, selon les points de vue, dans tous les cas, pas du sien, de la solitude. Jamais d’amis, seulement sa famille. Mais les liens qui l’unissait aux membres de sa propre famille était si forts, qu’elle n’avaient jamais pensé une seule seconde être seule.

Repenser à ce que lui avait raconté Tora quelques minutes plutôt la fit penser à ses frères et un sourire rêveur flotta sur son visage. Des grands frères, mais surtout des amis. Elle avait fait les quatre cent coups avec eux, avait rit avec eux… avait grandit avec eux… En somme, ils étaient ses meilleurs amis. Pas de secret l’un pour l’autre et ils étaient toujours aussi protecteurs.

La soudaine réponse de Tora tira Ellya de ses rêveries.

-Je prends la même chose que vous.

Bon, puisqu’elle avait affirmé qu’elle n’était pas difficile, ça devrait lui convenir. Ellya lui sourit.

-J’ai choisi de prendre une assiette de spaghetti bolognaise, c’est un de mes péchés mignons… et en fait j’aurais très bien pu me cuisiner ça à la maison… mais bon, avoua-t-elle.

Enfin… même lorsqu’elle faisait des aveux Ellya était loin de se sentir gênée ou même de se repentir ne serait-ce qu'un tout petit peu. Cela faisait partie d’elle… c’était ainsi et puis il ne fallait pas chercher d’avantage. D’un geste de main assuré et gracieux, sans même avoir besoin d’ouvrir la bouche, elle fit venir un serveur afin qu’elles puissent passer leur commande. En fait, Ellya avait remarqué qu’il les observait du coin de l’œil depuis deux bonnes minutes déjà… et bien voilà, au moins comme ça il pourrait se rincer l’œil de plus près et en plus leur remplir leur ventre ! Evidemment le " remplissage de ventre " était la partie la plus intéressante, la priorité vitale de la jeune anglaise, le reste Ellya n’en avait absolument rien à faire.

Avant que le serveur n’arriva Ellya, qui avait entr’aperçut le regard plein de curiosité de Tora lorsque son portable avait vibré, décida de mettre fin à ses questions intérieures ou encore à la torture que cela devait être que de ne pas savoir quelque chose, qui malgré tout ce que l’on pensait, nous intéressait…. Ce n’était que de la curiosité… La politesse et la retenue de Tora étaient toutes à son honneur. Quoique… cela lui faisait perdre de la spontanéité. Dommage.

- Ah… pour le message, c’était mon frère, dit-elle en lui adressant un clin d’œil, doublé d’un sourire plein de malices.

Puis elle reprit :

-Stefan, mon frère, est tout comme moi étudiant à la Yaz’art. Ce soir il exposera ses œuvres à la galerie, donc il m'invitait à aller voir… Franchement c’est un artiste hors du commun, j’aime vraiment ce qu’il peint ! Ses photos aussi sont exceptionnelles ! On peut vraiment dire qu’il a l’œil ! Je l’admire beaucoup !

Parler rien qu’un peu d’un des membres de sa famille l’enthousiasmait vraiment. Elle les aimait tant, que son regard, sans qu’elle ne s’en aperçoive devenait plus doux lorsqu’elle parlait d’eux et sa voix prenait des tons de fête.

Lorsque enfin le serveur arriva à leur table, il leur posa la question habituelle, aussi la jeune anglaise se chargea de passer commande.

- Nous prendrons, chacune, une assiette de spaghetti à la bolognaise… en boisson, pour moi, une simple eau plate fera l'affaire.

Le serveur se tourna vers Tora, un sourire intéressé aux lèvres.

-Et vous, que boirez-vous, mademoiselle ? demanda-t-il poliment.

D’où son expression, Ellya devinait aisément que le serveur trouvait Tora très jolie, ce qui n’était en outre pas faux, mais elle était curieuse de savoir quelle serait la réaction de la jeune fille.

[xD No problème, il m'arrive aussi d'avoir le "syndrome de la page blanche" ou des manques d'inspiration.
Chez moi aussi il neige, mais qu'un peu, enfin ce qui est dommage c'est que ça fond presque tout de suite... (voilà pour donner une petite suite à ton info xD) ]